Syndrome de la femme battue : comment sortir de l’emprise psychologique ?

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

En cas de violences subies, des psychiatres sont à votre écoute depuis chez vous

Ne restez pas isolé(e). Parlez de votre situation en téléconsultant un psychiatre. Disponibilités 7j/7, de 6h à 1h.

Certains couples se construisent sur une base sombre et pathologique. Dans le cas du syndrome de la femme battue, le partenaire est aliénant. Par un stratagème insidieux, il installe sa domination sur la femme. L’emprise psychologique signe le début des sévices. Qu’est-ce que le syndrome de la femme battue ? Quelles en sont les symptômes ? Que faire si l’on est victime de violence ? Chez Qare, on vous dévoile les mécanismes de cette emprise néfaste.

En 2020, le ministère de l’Intérieur a réalisé une étude sur les violences faites aux femmes. Les résultats sont alarmants. En 2020, 82% des morts au sein du couple étaient des femmes, 102 femmes ont été tuées dont 35% souffraient de violences antérieures répétées. Face à ce constat, il est important de comprendre ce qu’est le syndrome de la femme battue.

Qu’est-ce que le syndrome de la femme battue ?

Un trouble psychologique avéré

Le syndrome de la femme battue se caractérise par un état d’emprise lié à la répétition de violences physiques, sexuelles et/ou psychiques souvent exercées de façon continue pendant une longue période. Ces attaques répétées atteignent l’intégrité psychique de la personne.

Le syndrome de la femme battue est répertorié dans le DSM V, manuel diagnostique des troubles psychiques et mentaux, sous la rubrique syndrome de stress post traumatique.

La psychologue Éléonore E. Walker a voué sa carrière aux problématiques de violences conjugales. Grâce à ses divers ouvrages sur le sujet, elle a permis de mettre en lumière les rouages de ce phénomène d’emprise aux conséquences dévastatrices.

Lorsqu’on en est victime, notre identité est profondément altérée.

A l’instar du syndrome de Stockholm, la victime souffrant du syndrome de la femme battue reste souvent aux côtés de son bourreau malgré toute sa souffrance. Il ne s’agit pas là d’un choix délibéré mais d’un conditionnement.

Une prise de conscience sociétale

Ces dernières décennies ont été ponctuées de drames à l’issue fatale mettant en cause des couples. Les circonstances étaient similaires : une femme ayant subi des violences répétées par son partenaire finissait par commettre l’irréparable. La victime devenait coupable.

En 2021, le syndrome de femme battue a été reconnu pour la première fois par les experts psychiatres lors d’un procès pénal, pour expliquer le meurtre d’un homme par sa conjointe, victime de violences depuis des années.

Face aux décisions de justice rendant pénalement coupables ces femmes, une partie de l’opinion publique s’est battue pour faire évoluer le code pénal. Cette libération de la parole permet de mettre en lumière le statut de victime des femmes subissant des violences conjugales.

Syndrome de la femme battue : le mécanisme

Le piège de l’emprise psychologique

Le syndrome de la femme battue est un mécanisme insidieux qui se referme lentement sur sa victime. Au début de la relation, le partenaire se présente sous son meilleur jour, exempt de tout caractère déviant.

Ca n’est qu’au fil du temps qu’il installe une atmosphère de violence psychologique pour asseoir sa domination. Il utilise divers stratagème, parmi ceux-ci on retrouve :

  • L’isolement de la femme
  • Une alternance de violence et de douceur « chaud / froid »
  • Un comportement autoritaire sur elle
  • Des paroles visant à la culpabiliser
  • Des insultes
  • Des menaces
  • Du chantage
  • Des humiliations

En subissant cette relation toxique, l’estime de la femme et sa capacité de discernement s’effritent peu à peu. Cela est la conséquence de l’expérience répétée d’une situation dans laquelle elle n’a pas – ou croit ne pas avoir – de maîtrise sur les événements qui surviennent. Il s’agit de l’impuissance apprise, un concept psychologique théorisé en 1975.

En cas de besoin, téléconsultez un médecin dès aujourd'hui

Des psychiatres sont à votre écoute en vidéo de 6h à 1h 7j / 7.

Des abus traduits par la violence

Lorsque l’emprise psychologique est mise en place, l’étape suivante est celle des violences psychologiques aux violences physiques ou sexuelles.

A ce stade, l’état de stress ressenti par la femme face au danger perçu mêlé à son sentiment d’impuissance provoque un mécanisme de défense psychique. La victime va percevoir la situation à travers les yeux de son agresseur.

Elle va donc finir par excuser son partenaire, ou encore croire qu’elle est responsable de cette violence et qu’elle pourrait faire mieux pour l’éviter.

Ce conditionnement induit aussi une soumission absolue face à son bourreau, une apathie rendant toute réaction impossible. Par extension, on peut parler de syndrome de Stockholm au sein du couple.

Le fait qu’une victime du syndrome de la femme battue reste auprès de son bourreau ne résulte pas d’un choix (induisant une capacité de discernement) mais plutôt d’un conditionnement malsain.

A lire aussi : comment éviter les pervers narcissiques ?

Les symptômes du syndrome de la femme battue

Les signes psychologiques

Au-delà de la violence subie et de la faible estime de soi qui en découle, des troubles psychologiques peuvent apparaître, dont :

  • Un trouble dépressif
  • Une anxiété sévère
  • Des troubles du comportement alimentaire ; anorexie, boulimie
  • Un syndrome dissociatif peut survenir dans certains cas

Les signes physiques

Des symptômes physiques peuvent survenir, dont :

  • Des troubles du sommeil : insomnies, cauchemars
  • La somatisation de la souffrance à travers des problèmes cutanés (eczéma), des troubles digestifs, des migraines…

N'attendez pas que la situation s'aggrave

Parlez en à un psychiatre dès aujourd’hui. Téléconsultations de 6h à 1h 7j / 7.

Les séquelles laissées par le syndrome de la femme battue

Les séquelles laissées par le syndrome de la femme battue peuvent perdurer dans le temps. Un stress post-traumatique survient généralement après la séparation. Il est la conséquence de la tension constante causée par les sévices répétées. Il se traduit par :

  • Des cauchemars fréquents
  • Des ruminations anxieuses
  • Une hypervigilance
  • Des troubles de la mémoire

Que faire si l’on est victime de violence ?

Si vous subissez des violences verbales ou physiques de la part de votre partenaire il est primordial de ne pas rester murée dans le silence. Même si vous pensez que cela n’est pas grave, prévenez une personne extérieure de votre situation.

En lui expliquant ce qu’il se passe, cette personne pourra vous donner un avis plus distancié sur la situation et son avis sur la dangerosité de votre relation. Vous pouvez vous confier à un proche, un membre de votre famille ou encore à votre médecin traitant ou toute personne de confiance. Vous pouvez aussi appeler le 3919. Cette plateforme de soutien est gratuite et disponible 24h / 24 7j / 7.

La seconde étape, est de vous éloigner physiquement de votre partenaire. Vous pouvez vous rendre chez un proche ou dans un centre spécialisé. Les personnes dédiées y sont à l’écoute et sans jugement. Le 3919 vous orientera si vous ne savez pas où aller.

A noter : Si vous êtes témoin de violence conjugale, appelez le 3919.

Vous n'êtes pas seule

Des psychiatres sont disponibles pour vous écouter et vous aider dès aujourd’hui. Téléconsultations de 6h à 1h 7j / 7.

Sortir de l’emprise psychologique par le suivi psychologique

L’étape suivante est de vous reconstruire psychologiquement. Les séquelles que laissent ce type d’événements traumatisants sont profondes. Elles peuvent mettre un moment avant de cicatriser.

Pour accompagner votre guérison, une aide extérieure est nécessaire. Un suivi chez un psychologue vous permettra de vous confier, de bénéficier de conseils pour traverser cette période. N’hésitez pas non plus à en parler à votre médecin ou à tout professionnel de santé qui pourra vous aider.