Syndrome de Stockholm : comment sortir de l’emprise psychologique ?

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Lorsque l’on est victime d’une agression ou d’une séquestration, la réaction classique est le sentiment de rejet et d’hostilité envers son agresseur. Et pourtant, l’Histoire nous a prouvé le contraire à différentes reprises. Certaines victimes, sous l’emprise psychologique de leur agresseur ont pu développer de l’empathie pour celui-ci, allant jusqu’à un sentiment amoureux. On nomme cet étrange phénomène le syndrome de Stockholm. Comment le reconnaître ? Comment s’en libérer ? Chez Qare, on vous explique tout sur ce mécanisme et sur les solutions pour en guérir.

Le syndrome de Stockholm n’apparaît pas dans le DSM 5, le manuel diagnostique et statistiques des troubles mentaux. Pourtant, ce phénomène d’emprise psychologique peut gravement altérer la personnalité et le discernement de la victime qui en est atteinte.

Pourquoi le syndrome de Stockholm s’appelle ainsi ?

Stockholm, capitale de la Suède et plus grande ville du pays. Mais quel est donc le rapport entre le syndrome de Stockholm et cette ville éponyme ? Voici les faits.

Les origines du syndrome de Stockholm

L’histoire débute le 23 août 1973 dans le quartier de Norrmalmstorg à Stockholm. Jan Erik Olsson, un prisonnier en fuite, décide de braquer une banque. L’attaque tourne mal et se transforme en prise d’otage qui va durer plusieurs jours.

6 jours plus tard, lors de la libération, les otages sont hostiles aux forces de police protégeant leurs ravisseurs des éventuels coups de feu. Lors du procès, aucune des victimes n’accepte de témoigner à charge. De surcroît, certaines d’entre elles vont entretenir une relation avec leurs ravisseurs.

C’est à la suite de l’analyse du psychiatre chargé de l’affaire, Nils Bejerot, que l’appellation du syndrome de Stockholm voit le jour pour la première fois.

Syndrome de Stockholm : quelques exemples historiques

D’autres exemples du syndrome de Stockholm ont suivi :

  • En 1974 Patty Hearst est enlevée. Un an plus tard, on la retrouve braquant une banque aux côtés de ses ravisseurs
  • En 1998 Natascha Kampusch est kidnappée. Huit ans plus tard, lorsque son ravisseur se suicide suite à sa fuite, elle conservera la photo de ce dernier dans son portefeuille.

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Comment fonctionne le syndrome de Stockholm ?

Le syndrome de Stockholm est un mécanisme psychologique surprenant et paradoxal qui s’inscrit dans une relation entre deux personnes : une victime et un agresseur. La première étant sous l’emprise psychologique de la seconde.

Le mécanisme psychologique à l’œuvre

Pour qu’un syndrome de Stockholm apparaisse, différents éléments déclencheurs doivent être présents ou perçus comme tel par la victime.

La victime doit être dans une situation de danger extrême face auquel elle ressent une totale impuissance. La perte de contrôle face à la menace imminente, engendre un stress intense.

Le cortex préfrontal du cerveau, ou néocortex qui régit la capacité de réflexion et de raisonnement s’efface au profit de notre cerveau reptilien ; partie la plus archaïque de notre cerveau. Nous passons alors dans un fonctionnement d’instinct de survie.

Le cerveau reptilien n’étant pas capable de discernement, un retournement de situation va s’opérer. La victime va alors percevoir la situation de la même façon que l’agresseur la perçoit.

Le fait que la victime soit totalement dépendante de son agresseur va accentuer l’emprise psychologique. Seul lui peut pourvoir à ces besoins.

Ce conditionnement crée une soumission absolue de la victime. De plus, un sentiment de gratitude grandit au fil du temps pour l’agresseur qui la maintient en vie.

Le mécanisme est renforcé par le fait que la victime n’a plus de contact avec le monde extérieur. Cette perte de repère renforce le déséquilibre de la relation.

A lire aussi : le syndrome d’hubris ou l’ivresse de la toute-puissance

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Les symptômes du syndrome de Stockholm

Pour savoir si vous ou l’un de vos proches est atteint du syndrome de Stockholm, différents signes évocateurs peuvent vous mettre la puce à l’oreille :

  • La perte de son sens critique, la victime ne remet en cause aucun des actes de l’agresseur
  • Une empathie positive à l’égard de son ravisseur, la victime s’identifie à son agresseur
  • Un cautionnement des actes de l’agresseur d’un point de vue éthique et moral
  • De l’attachement allant jusqu’à un sentiment amoureux envers son agresseur

Si vous reconnaissez ces symptômes en vous ou l’un de vos proches, il est important de les prendre en compte. A la suite de votre prise de conscience, il est possible de sortir de cette emprise psychologique en effectuant un travail sur soi. Nous vous recommandons fortement de vous faire accompagner dans cette démarche.

A lire aussi : le syndrome de Stockholm au sein du couple

Quel est le contraire du syndrome de Stockholm ?

L’inverse du syndrome de Stockholm se nomme le Syndrome de Lima. Dans ce cas, le même mécanisme d’emprise psychologique s’instaure. Les rôles sont simplement inversés. Il s’agit de l’agresseur qui éprouve de l’affection allant jusqu’à un sentiment amoureux envers sa victime. A ce stade, l’agresseur est prêt à mettre en péril ses plans en vertu de ce qu’il ressent pour sa victime.

Ces syndromes sont les deux faces d’une même pièce. Celle du déséquilibre relationnel dominant / dominé d’une personne sur l’autre.

Syndrome du sauveur : quelle différence ?

En apparence on peut voir une certaine analogie entre le syndrome du sauveur et le syndrome de Stockholm. Dans les deux cas, une personne à un moment donné fait preuve d’une empathie à l’égard d’une autre et souhaite la sauver d’elle-même ou des autres.

Mais ce mécanisme d’apparence similaire ne se déclenche pas pour les mêmes raisons. Les causes amenant à ce type de comportement divergent quant au syndrome du sauveur et celui de Stockholm.

Dans le cas du syndrome du sauveur, le souhait de porter secours à autrui prend racine dans un profond besoin de reconnaissance de sa valeur. La cause provient d’une blessure narcissique datant de l’enfance qui n’a pas été guérie.

De plus, le mécanisme n’évolue pas de la même façon. Contrairement au syndrome de Stockholm, dans lequel les deux personnes gardent leur rôle. Lorsqu’il y a syndrome du sauveur chez une personne, il y a non loin, deux autres rôles qu’elle va endosser en fonction de ces interactions : celui de la victime et celui du bourreau. Cette triade toxique forme ce qu’on appelle le triangle de Karpman ou le triangle dramatique.

Bien que les deux syndromes s’inscrivent dans le cadre des relations psychologiques déséquilibrées, il faut donc distinguer syndrome du sauveur et syndrome de Stockholm.

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Le syndrome de Stockholm dans le cercle intime

Le cadre des relations dans lesquelles il y a une emprise psychologique d’une personne sur une autre s’étend aussi à la vie courante.

Par extension on parle aussi de syndrome de Stockholm lorsqu’une relation engendre de la tension et de la violence physique ou morale qui perdure dans le temps grâce à une relation de dominant / dominé. Ce phénomène d’emprise psychologique est redoutable par le fait qu’il s’insinue progressivement.

Le syndrome de Stockholm en couple

Vous pouvez être victime du syndrome de Stockholm au sein de votre couple. Pour cela, certains éléments déclencheurs sont nécessaires pour que le syndrome se développe. Voici les principaux.

Votre compagnon a mis en place un cadre spécifique dans lequel il a réussi à vous isoler peu à peu de vos proches.

Vous êtes dépendante de votre compagnon de quelque façon que ce soit, financièrement ou psychologiquement. Il vous paraît donc impossible de se séparer de lui.

Il vous fait subir des violences conjugales, qu’elles soient physiques ou verbales. Il fait preuve de comportements pervers régulièrement. Cette atmosphère constante vous provoque un sentiment profond d’insécurité. Ce type de mauvais traitement à répétition peut aussi engendrer ce qu’on appelle le syndrome de la femme battue.

Si elle est consciente, cette façon de procéder de votre compagnon ou votre compagne relève de la perversion narcissique. Un trouble de la personnalité narcissique qui fait de ceux qui en sont atteint de véritables prédateurs. Rester sous leur emprise trop longtemps peut vous faire perdre confiance en vous, voire vous amener à une profonde dépression.

Le syndrome de Stockholm dans le cercle familial

On peut aussi retrouver le syndrome de Stockholm au sein d’une même famille. C’est généralement le cas lorsqu’un enfant subit de la maltraitance ou encore des violences sexuelles de la part d’un de ses parents. Ou encore lorsqu’un des parents a une personnalité de pervers narcissique.

Par son jeune âge, l’enfant a peu de repères. Il est encore dans la phase de construction de ses frontières de l’acceptable. De plus, ce type de situation relevant du cadre de l’intime, il ne peut pas non plus se comparer à d’autres familles.

Par l’image qu’il porte de ces parents il va se construire un scénario dédouanant son parent coupable des sévices et peu à peu développer un syndrome de Stockholm.

Le syndrome de Stockholm au travail

Au-delà du cercle intime, le syndrome de Stockholm existe dans le cadre professionnel. Dans ce type de situation, il est important de briser le silence et de vous faire accompagner rapidement. Une emprise psychologique néfaste qui s’étale dans le temps peut vous mener à un épuisement professionnel ou à une dépression.

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Comment soigner le syndrome de Stockholm ?

La prise de conscience

S’il est parfois difficile de percevoir les subtilités des mécanismes utilisés, en avoir connaissance est une aide précieuse pour savoir les éviter. La connaissance de l’existence de ce syndrome est le premier pas vers la guérison.

En effet, comprendre les mécanismes psychologiques à l’œuvre vous permet de prendre conscience de la façon dont les autres interagissent avec vous. Êtes-vous dans une relation saine ? Est-ce que la personne face à vous use constamment de biais cognitifs pour vous faire douter ?

Sortir de l’isolement

Ensuite il est important de sortir de votre isolement et d’en parler à une tierce personne. Cela vous permettra de vous reconnecter peu à peu à la réalité. Un proche bienveillant pourra vous apporter une vision plus objective de la situation et vous alerter sur l’urgence de sortir de cette situation objectivement inacceptable.

Le travail thérapeutique

Vous pouvez ensuite effectuer un accompagnement thérapeutique avec un psychiatre ou un psychologue. Cela vous permettra de franchir les étapes menant vers votre liberté retrouvée en toute sécurité.

Au cours de votre thérapie, certaines émotions peuvent rejaillir et vous provoquer des insomnies, ou encore des crises d’angoisse. Parlez-en à votre médecin afin qu’il vous prescrive le traitement adéquat pour vous aider à passer cette période le mieux possible.

La reconstruction psychologique peut s’avérer longue et s’étendre sur plusieurs années. Votre personnalité profonde et votre capacité de discernement ayant été fortement bouleversé. Mais le résultat en vaut la peine !

L’écriture thérapeutique

L’écriture thérapeutique peut être un bon exercice à faire au cours de votre travail de guérison. Le fait de coucher sur papier ce qui vous traverse l’esprit pourra vous aider à vous reconnecter à vos émotions afin de vous en libérer. Cela vous procurera un profond sentiment de soulagement.

De plus, le procédé d’écriture nécessite de préciser le flou de ses pensées et de les matérialiser sur papier. Cet exercice vous permettra de renouer avec l’être profond que vous êtes et d’apprendre à mieux vous connaître.

La bienveillance envers soi même

Au cours de votre démarche, il est possible que vous ressentiez de la culpabilité d’avoir accepté d’endurer toutes ses violences. Votre estime de vous peut en être altérée. Rappelez-vous de faire preuve de bienveillance envers vous-même. A l’époque, vous n’aviez peut-être pas les armes nécessaires pour vous défendre.

Gardez en tête qu’à cet instant précis vous faites les bonnes démarches pour vous protéger, vous respecter et conserver votre libre arbitre. Vous faites preuve de courage et d’amour pour vous même, et cela c’est le plus important !