Troubles obsessionnels compulsifs : et si nous changions de regard ?

Par Inès Montenon · Rédactrice web - santé et psychologie · Mis à jour le 31 janvier 2024

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Les « TOC » ou Troubles Obsessionnels Compulsifs n’ont rien d’une simple manie. Les personnes qui en souffrent peuvent éprouver une grande détresse et rencontrer de graves difficultés au quotidien. Pourtant, la souffrance psychologique causée par cette maladie est souvent sous-évaluée, voire moquée.

Vous avez dit « TOC » ?

Les troubles obsessionnels compulsifs appartiennent à la catégorie des troubles anxieux. Environ 2% de la population française serait concernée, chiffre sans doute sous-estimé car faute de diagnostic, de nombreux cas ne sont pas détectés.
Les TOC se manifestent de deux façons : les obsessions et les compulsions.

Les obsessions, ou pensées obsessionnelles, sont des idées, pensées ou images répétées qui reviennent sans cesse à l’esprit. La nature de ces pensées concerne par exemple :
• La peur de la contamination ou de la saleté
• Le doute ou la crainte de commettre une erreur
• Le besoin de choses ordonnées et symétriques
• Les pensées agressives ou effrayantes en rapport avec la perte de contrôle ou le fait de se faire du mal ou de faire du mal aux autres
• Les pensées indésirables ou scandaleuses à caractère sexuel ou religieux

Les compulsions, ou comportements compulsifs, sont des actes précis que la personne accomplit en réponse à ses obsessions, de façon anormalement fréquente et ritualisée, comme par exemple :
• Laver et nettoyer
• Accumuler, ou ne rien jeter
• Vérifier
• Compter intérieurement
• Ranger et mettre de l’ordre
• Exiger d’être rassuré.e

Quel impact sur la vie quotidienne ?

Pensées obsessionnelles et comportements compulsifs peuvent varier en intensité et en fréquence. Ils ne sont pas toujours concomitants, bien qu’il soit courant par exemple qu’une personne obsédée par la saleté développe des rituels de nettoyage.
C’est la répétition de ces comportements et le temps passé à les accomplir qui finissent par impacter négativement la vie quotidienne de la personne concernée, ainsi que son entourage. Les symptômes sont parfois si invalidants qu’ils peuvent conduire à une hospitalisation ou à une rupture de la vie sociale.

Quelle différence avec un tic ?

Souvent confondus à tort avec les TOCs, les tics sont involontaires et n’engagent pas de réflexion de la part de la personne qui en souffre. Il s’agit de mouvements corporels (visage, yeux, épaule…) ou de productions sonores (tic verbal, raclement de gorge…) incontrôlables et répétitifs. Ils apparaissent généralement dans l’enfance, en lien avec des situations particulières d’émotion ou de stress. Généralement, ils ne sont que transitoires et disparaissent d’eux-mêmes. Ce n’est que s’ils deviennent chroniques, que leur intensité augmente et qu’ils deviennent invalidants qu’il convient de consulter.

Des troubles fortement stigmatisés

TOCs et tics figurent parmi les troubles psychiques les plus ostracisés et moqués. Des émissions de télévision racoleuses des années 1990 et 2000 en sont pour partie responsables. Or le regard qui pèse sur ces maladies cause une forte auto-stigmatisation chez les personnes concernées, ce qui les éloigne du soin et donc de la perspective d’alléger leur souffrance. Mieux faire connaître ces troubles participe donc de la libération de la parole préalable à toute prise en charge.

Des traitements pour se rétablir

Chez l’adulte comme chez l’enfant, les traitements indiqués dans la prise en charge des TOCs sont médicamenteux ou psychothérapeutiques, ou combinent les deux à la fois. Les séances de thérapie cognitivo-comportementale (TCC) sont particulièrement efficaces. Elles consistent à confronter le patient à ses obsessions pour atténuer progressivement les manifestations compulsives.

Plus rarement, la stimulation électrique transcrânienne ou la stimulation cérébrale profonde sont employées dans la prise en charge de TOCs résistants.

Dans tous les cas, ces traitements existent et permettent, sinon de guérir, au moins de se rétablir. Le rétablissement appliqué aux troubles psychiques signifie que la personne trouve peu à peu les moyens de faire face à sa pathologie et de mener à bien ses projets de vie, bien que le trouble soit toujours présent.

En savoir plus sur les traitements : https://www.qare.fr/sante/troubles-obsessionnels-compulsifs/

Des groupes de parole et de soutien

Parce qu’il est important de ne pas rester seul.e et de mettre des mots sur ses symptômes pour mieux comprendre la maladie et gagner en sérénité, des groupes de parole existent. Nous recommandons tout particulièrement l’association TocToMe https://www.toctome.fr/, en collaboration avec laquelle cet article a été rédigé.

Sources :

https://www.psycom.org/comprendre/la-sante-mentale/les-troubles-psy/anxiete-phobies-et-toc/#reconnaitre-un-toc-63d2a814e1ac2

https://www.psycom.org/comprendre/le-retablissement/le-retablissement-des-troubles-psy/