Trouble dysphorique prémenstruel : un mal encore sous-diagnostiqué

Par Barbara Ejenguele · Rédactrice web santé · Mis à jour le 30 septembre 2022

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) se distingue du syndrome prémenstruel (SPM) par la gravité de ses symptômes.

Il toucherait entre 2 et 8 % des femmes (probablement davantage).

Très handicapant au quotidien, il entraîne bon nombre d’entre elles dans une dépression intense, parfois suicidaire, avant chaque cycle.

La plupart des femmes qui ont leurs règles ont certainement déjà eu affaire au moral dans les chaussettes, à l’humeur changeante, à l’irritabilité…

À l’approche des menstruations, le corps fait en effet face à des changements hormonaux importants.

La baisse des œstrogènes, par exemple, a un réel impact sur le mental, puisqu’elle est responsable d’une chute des niveaux de sérotonine (aussi appelée « l’hormone du bonheur ») dans le cerveau.

Selon les femmes, les symptômes prémenstruels induits par ces fluctuations hormonales restent relativement raisonnables et ne perturbent pas leur vie outre-mesure.

Qu’est-ce que le trouble dysphorique prémenstruel ?

Il s’agit d’un trouble responsable d’effets psychologiques graves chez les femmes durant la phase lutéale (période entre l’ovulation et les règles).

Sa périodicité le rend particulièrement difficile à vivre, puisque les symptômes reviennent tous les mois, à chaque menstruation.

En raison des affections diverses, extrêmes et parfois brutales qu’entraîne le trouble dysphorique prémenstruel, les femmes atteintes font face à de réelles perturbations dans leur vie quotidienne, sociale et professionnelle.

Quelle différence entre le syndrome prémenstruel et le trouble dysphorique prémenstruel ?

Souvent confondus, on qualifie le trouble dysphorique prémenstruel comme étant une forme sévère du syndrome prémenstruel.

Ils entraînent des manifestations relativement semblables avant les règles :

  • anxiété,
  • irritabilité,
  • colère,
  • insomnie,
  • dépression,
  • fatigue intense,
  • difficultés à se concentrer,
  • etc.

Physiquement, on observe chez certaines femmes une rétention d’eau à l’origine d’une prise de poids ponctuelle ou d’œdèmes.

Les seins peuvent également être douloureux et tendus.

Le trouble dysphorique prémenstruel se distingue par une gravité plus prononcée des symptômes psychologiques.

Les émotions sont fluctuantes à l’extrême avec une humeur majoritairement dépressive, ainsi qu’une anxiété et une irritabilité importantes.

Certaines femmes font même face à des idées suicidaires durant cette période.

Comment savoir si je souffre d’un trouble dysphorique prémenstruel ?

La douleur physique et psychique durant les règles étant encore trop fréquemment considérée comme une fatalité, le trouble dysphorique prémenstruel est souvent sous-diagnostiqué.

Si l’errance médicale pour ce trouble est moins marquée qu’il y a encore quelques années, sachez toutefois que comme pour les douleurs physiques provoquées par l’endométriose, par exemple, il n’est pas normal de ressentir une souffrance psychologique importante à chaque cycle.

Pour établir le diagnostic, une patiente doit présenter 5 symptômes ou plus au cours de la semaine précédant ses menstruations. Ils doivent disparaître quelques jours après le début de ses règles.

Au premier examen clinique, le médecin demande généralement la réalisation d’un calendrier du cycle prémenstruel. Ce document doit être composé d’un suivi journalier des humeurs.

Établir un diagnostic avec un professionnel

Des médecins psychiatres et des médecins gynécologues sont disponibles en consultation vidéo.

Comment traiter le trouble dysphorique prémenstruel ?

À ce jour, aucun traitement n’a prouvé son efficacité sur toutes les femmes. La stratégie adoptée est donc celle de l’essai, au cas par cas.

Il faut s’armer de patience pour soigner le trouble dysphorique prémenstruel et ne pas perdre espoir.

Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (SSRI) sont les traitements privilégiés. Parmi eux :

  • la sertraline (Zoloft®)
  • la paroxétine (Deroxat®)
  • la fluoxétine (Fluctine®)
  • le citalopram (Seropram®)

Certaines études montrent que ces traitements peuvent même être efficaces lorsqu’ils sont pris 14 jours par mois, au cours d’une période entourant les règles.

Il est important de retenir que le trouble dysphorique prémenstruel est un problème neuroendocrinien.

Ce n’est donc pas un problème psychologique en soit, mais un trouble dont les effets sont psychologiques.

Existe-t-il un lien entre trouble dysphorique prémenstruel et endométriose ?

À ce jour, aucun lien n’a été établi entre les deux. Il s’agit de deux maladies différentes.

En décembre 2020, toutefois, des chercheurs suédois ont publié des résultats prometteurs concernant la création d’un nouveau traitement (acétate d’ulipristal).

Celui-ci permettrait d’agir sur les récepteurs de la progestérone et ainsi réduire les symptômes mentaux présents dans le cadre du trouble dysphorique prémenstruel.

On utilise déjà ce procédé dans une classe de médicaments qui traitent les fibromes utérins et l’endométriose.