La phobie d’impulsion, l’obsession de « (se) faire mal »

Par Barbara Ejenguele · Rédactrice web santé · Mis à jour le 7 février 2023

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Atteinte encore considérée comme « dérangeante », la phobie d’impulsion rend prisonnière une personne de ses actes potentiels, en entraînant une peur panique de mal agir. Ce syndrome fait partie de la famille des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Comment se manifeste-t-il ? Existe-t-il un moyen de s’en sortir ? Qare vous éclaire.

C’est une phobie plutôt effrayante et encore très tabou, qui toucherait pourtant des centaines de milliers de personnes en France. Imaginez-vous « vous voir » étrangler un de vos proches, renverser un enfant au volant de votre voiture, noyer votre bébé ou sauter sur les rails du métro… Ces visions d’horreur sont le quotidien des personnes souffrant de phobie d’impulsion.

Par définition, il s’agit d’une peur obsessionnelle, omniprésente de « faire mal », à soi-même ou à quelqu’un d’autre. L’idée de commettre un acte répréhensible est poussée à l’extrême, sans arrêt. Ces images obsédantes et incontrôlables, peuvent surgir tout au long de la vie et se manifester dès l’enfance.

Manifestations et symptômes d’une phobie d’impulsion

Selon les personnes, la peur n’a pas les mêmes représentations. Plusieurs formes de phobie d’impulsion se distinguent :

  • La peur de commettre un acte violent et grave sans le faire exprès ;
  • La peur de se faire mal à soi-même ;
  • La peur de ne pas pouvoir contrôler un coup de folie, une pulsion violente ou immorale et de s’en prendre à un inconnu ou à ses proches.

Pour ces trois types de phobies, la personne est prise de panique face à ces images mentales qu’elle ne peut contrôler. On observe ainsi l’apparition de plusieurs symptômes, tels que des palpitations, des tremblements, des pleurs, des sueurs froides, des nausées ou une crise d’angoisse.

La mise en place d’une stratégie d’évitement fait également partie des réactions courantes. S’isoler ou prendre la fuite s’impose, par peur de passer à l’acte.

Enfin, la personne peut mettre en place des stratégies de vérification, par exemple elle lit les journaux de façon compulsive pour être certaine qu’elle n’aurait pas provoqué un accident sans s’en rendre compte.

Vous vous reconnaissez dans ces symptômes ?

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Quelles sont les causes de la phobie d’impulsion ?

À ce jour, l’origine des phobies d’impulsion n’a pas été clairement établie. Celles-ci sont probablement issues de multiples facteurs de vulnérabilité.

Chez les personnes qui souffrent de TOC, sont souvent observées des prédispositions psychologiques, ainsi que des particularités d’ordre cérébral. En cas de phobie d’impulsion, il n’est pas rare de constater la présence d’autres types de TOC, relatifs à la vérification, au lavage ou à l’ordre.

Certains traumatismes ou évènements de vie perturbateurs peuvent également conduire à l’apparition d’une phobie d’impulsion. Il en va de même pour les changements de vie qui augmentent le niveau de responsabilité, comme lorsque l’on devient parent, par exemple.

Enfin, la phobie d’impulsion peut être liée à des troubles psychiques déjà présents, comme un trouble de l’humeur, d’anxiété sévère ou de dépression.

Les personnalités obsessionnelles, rigides, avec un grand besoin de contrôle sont, elles aussi, susceptibles de développer ce type de trouble.

Est-ce qu’une personne atteinte peut passer à l’acte ?

Pour la personne concernée (et pour l’entourage), les idées obsédantes effraient, si bien que l’on s’interroge parfois sur le risque réel de les mettre à exécution. Le passage à l’acte en cas de phobie d’impulsion reste cependant extrêmement rare, voire inexistant.

En effet, ce TOC réside justement dans le fait que passer à l’acte dérange, en raison d’une rigueur morale très marquée. Cette moralité est, certes, responsable de la phobie d’impulsion, mais se positionne également comme protectrice. À partir du moment où les idées visualisées perturbent, c’est que la personne a conscience de leur atrocité/immoralité et qu’elle respecte les autres et elle-même.

Il peut néanmoins arriver qu’une personne qui souffre de phobie d’impulsion passe à l’acte, mais seulement dans certains cas précis. Lorsque d’autres pathologies y sont associées, par exemple, comme la dépression ou la psychose. La prise d’alcool en fait également partie.

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Qu’en est-il de la phobie d’impulsion du post-partum ?

Imaginer ne serait-ce qu’une minute qu’une mère puisse faire du mal à son bébé est une chose indicible, inavouable. Aux yeux de la société, une mère se doit de protéger son bébé, et le contraire la placerait irrémédiablement au rang de mauvaise mère.

Pourtant, aussi fort soit l’amour qu’une maman porte à son enfant, il est important de rappeler la période de post-partum est un moment bouleversant et déstabilisant de sa vie.

C’est la raison pour laquelle la phobie d’impulsion est plutôt courante chez les jeunes mères ! On parle de phobie d’impulsion du post-partum. Dans ce contexte, la phobie s’active souvent lors des soins prodigués à l’enfant. Elles s’imaginent en train de l’étouffer, de le faire tomber ou pire encore, de l’agresser sexuellement.

Ces pensées sont d’une violence extrême et très culpabilisantes pour une jeune maman, déjà en proie aux doutes, à la fatigue physique et psychique. N’osant pas en parler à l’entourage, des interrogations existentielles vont alors envahir son esprit : « vais-je faire mal à mon enfant ? » « est-il en danger avec moi ? ».

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Quand consulter et comment se soigner ?

Les personnes qui souffrent de phobie d’impulsion sont généralement incapables de tenir un couteau ou des ciseaux à proximité d’autres personnes. Dans la vie quotidienne, ces stratégies d’évitement peuvent s’avérer très handicapantes.

Une jeune mère qui se voit en train de noyer son bébé lorsqu’elle le baigne, préférera déléguer cette tâche à un tiers, même si cela doit impacter le lien qu’elle entretient avec lui. Il en va de même pour les autres, et la liste des exemples à citer est longue.

L’élément à retenir est qu’à partir du moment où cela a des répercussions sur votre vie ou vos liens avec les autres, il est temps de consulter.

Le traitement d’une phobie d’impulsion repose principalement sur la thérapie comportementale et cognitive (TCC). L’objectif est d’analyser les réactions du patient face aux idées qui l’obsèdent.

Il faudra alors les dissocier progressivement de la réalité, les modifier, tout en prenant conscience de ce qu’elles sont vraiment : seulement des peurs.