Quel est votre métier ? En quoi consiste-t-il ?

Je suis Pédiatre, je soigne les enfants de la naissance à la majorité (officiellement jusqu’à 15 ans et 3 mois, mais c’est un peu strict comme limite…!)

À partir de quel âge avez-vous eu envie de prendre cette voie ?

Depuis l’enfance, j’avais envie de soigner les gens, d’être utile, je n’ai compris que cela passerait par la médecine qu’au lycée lorsqu’il a fallu penser à la suite.

Quels sont les éléments les plus motivants de votre métier?

Si j’arrive à rassurer les enfants et leurs parents, à répondre à leur demande, soulager ce qui les inquiète ou les fait souffrir, c’est infiniment motivant.

Quels sont pour vous les inconvénients et les avantages de votre métier ?

Les inconvénients sont que cela me prend beaucoup de temps, et que j’y pense même en dehors de mes heures de travail (y compris la nuit! ), mais les avantages sont que ce métier est vraiment passionnant, que je n’ai pas l’impression de « travailler », c’est vraiment gratifiant de se sentir utile.

Vous avez déjà exercé à Londres, quelles sont, pour vous, les principales différences entre le système de santé anglais et le français ?

Le système de santé au Royaume-Uni est un peu moins souple d’accès, et les relations patient-médecin, déjà un peu perturbées par la barrière de la langue, sont un peu systématisées donnant l’impression de valoriser plus la technique et moins le côté relationnel. Cependant, sur le plan qualitatif les deux systèmes me semblent équivalents.

Quel est votre meilleur souvenir lié à votre métier ?

Il y en a plusieurs, mais le premier date de mon internat (fin des études de médecine), lorsqu’un petit garçon que j’avais suivi en cancérologie m’a remis un cadeau fait de ses mains (un pot à crayons en terre cuite et verni avec mon prénom dessus), il se souvenait de moi bien après mon départ, ça m’a beaucoup touchée ! Cela m’a donné l’impression que je lui avais apporté quelque chose….

Quelles sont vos perspectives professionnelles avec le service Qare?

J’aimerais développer mes capacités d’écoute et toutes les stratégies non physiques pour prendre soin des enfants malades. Au fur et à mesure de ma pratique j’ai pris conscience que la parole et l’écoute sont les deux premiers soins à apporter aux patients, et que sans eux, aucun traitement n’est vraiment complet et efficace. Cela n’est pas évident lors de consultations « physiques » qui souvent sont chronométrées et perturbées par des interventions extérieures. La distance imposée par la téléconsultation et l’interface par écrans interposés, qui pourraient apparaître comme des inconvénients, vont m’obliger à trouver d’autres moyens de répondre aux questions qui me seront posées, et je suis sûre que cela va enrichir ma pratique.

Quel est votre regard sur la e-santé?

Je suis convaincue que la Médecine doit elle aussi s’adapter aux nouveaux moyens de communication, que les patients apprécient les côtés pratiques et l’accessibilité offerts par Internet, mais qu’ils craignent aussi la déshumanisation qui risque de croître avec ces nouvelles technologies. J’aimerais apporter ma contribution à chercher un intermédiaire satisfaisant pour les patients et pour les médecins entre la modernité et le maintien des relations humaines.

Quels sont les plus grands challenges que le service Qare vous apporte?

Arriver à établir une stratégie de soin sans la possibilité d’examiner les patients, ce qui impose d’optimiser l’interrogatoire et la discussion, c’est très motivant !

Selon vous, la technologie va t-elle révolutionner la médecine de demain?

C’est certain que la pratique médicale va être profondément modifiée. J’espère au mieux dans l’intérêt des patients mais les risques sont grands que la technologie prenne le pas sur la parole, l’écoute et la relation humaine qui font partie du soin. J’ai envie de travailler à préserver cet humanisme tout en participant à élaborer la pratique médicale de demain.