Quel est votre rapport aux éco-émotions ?

Par Laura Talmasson · Rédactrice web santé · Mis à jour le 13 septembre 2022

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Vagues de chaleur, multiplication des feux de forêt, risques de pénuries alimentaires, les conséquences du réchauffement climatique sont désormais tangibles en France et à l’étranger. Ces phénomènes, loin de nous laisser indifférents, peuvent être à l’origine d’un panel d’émotions qui impactent positivement et négativement notre santé mentale. Qu’est-ce que l’éco-anxiété ? Quelles sont les autres éco-émotions ? L’équipe médicale de Qare vous dit tout.

C’est quoi l’éco-anxiété ?

L’éco-anxiété est un terme inventé en 1996 par le Dr Véronique Lapaige, médecin de santé publique belgo-canadienne. Elle la définit comme « un mal-être identitaire dans un contexte de bouleversements environnementaux ». S’il ne s’agit pas d’une pathologie mentale, elle désigne une réaction adaptative normale face à la multiplication des événements tragiques liés aux conséquences locales et globales du changement climatique (épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, déclin de la biodiversité, pollution des océans…).

On la rattache aux éco-émotions, qui sont définies par le chercheur finlandais Panu Pihkala comme l’ensemble des émotions, des sentiments et des affects générés par les problématiques climatiques. Selon le sondage IFOP pour Qare (voir sources), 67% des Français déclarent ressentir de la peur face à l’avenir, avec une prédominance chez les jeunes et les femmes de moins de 35 ans.

Quelles sont les autres éco-émotions ?

Si la notion d’éco-anxiété ou de peur de l’avenir est celle qui revient le plus souvent quand on parle des répercussions psychologiques de la crise environnementale, d’autres éco-émotions y sont également associées telles que :

  • La colère : cette émotion est souvent liée à un sentiment d’injustice quant au fait de devoir assumer les conséquences des choix des générations précédentes et à l’impression d’une action insuffisante de la part des dirigeants politiques ;
  • La responsabilité : elle correspond à l’idée d’assumer la responsabilité de l’Homme vis-à-vis du réchauffement climatique et d’agir à son échelle pour la planète ;
  • La motivation : c’est le désir de faire bouger les choses, par des actions individuelles et/ou collectives ;
  • La combativité : elle correspond à l’action de faire face aux défis du réchauffement climatique, sans céder au fatalisme.

La tristesse, la culpabilité et la résignation mais aussi l’espoir font également partie des éco-émotions. Ce qu’il faut garder en tête, c’est qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réaction émotionnelle vis-à-vis de la crise climatique. Il est cependant important d’être à l’écoute de ses ressentis et de la manière dont ils affectent sa santé afin de les gérer au mieux dans la vie de tous les jours.

De quelle manière les éco-émotions nous impactent-elles ?

Les répercutions des éco-émotions chez les jeunes femmes

Tantôt inconscient tantôt tangible, l’impact des éco-émotions sur la santé mentale varie selon les individus. Bien que nous soyons tous concernés par les problématiques environnementales, les femmes de moins de 35 ans ont plus de facilité à verbaliser les sentiments qu’elles suscitent que leurs pairs masculins.

Cela s’explique à la fois par un conditionnement social différent (les femmes sont davantage encouragées à exprimer leurs émotions, à faire preuve d’empathie et à faire passer les besoins des autres avant les leurs) et par leur statut de minorité sociale qui les rend plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique que les hommes.

Pour les femmes en âge de procréer, le choix d’avoir un enfant ou pas peut aussi être délicat, souvent ponctué par des réflexions sur le “poids” écologique d’une naissance et la responsabilité de donner la vie sur une planète dont la viabilité est remise en question.

Un impact important chez les jeunes

De manière générale, les jeunes se déclarent impactés par les éco-émotions. C’est bien naturel, car ils sont les plus concernés par les conséquences de la crise climatique sur le long-terme mais aussi les moins écoutés. Ils peuvent ainsi s’agacer des pratiques anti-écologiques de leurs parents et être anxieux vis-à-vis de leur avenir.

En revanche, ils ont aussi tendance à être plus motivés, plus combatifs et moins indifférents que leurs aînés. Cela les mène a s’engager plus fréquemment dans des actions militantes vis-à-vis de l’environnement.

Comment gérer au mieux ses éco-émotions ?

Prendre le temps de réguler ses émotions

Ressentir des éco-émotions est adapté puisque le problème est réel. Tout va dépendre de leur intensité et de l’impact sur le quotidien. Si certains ont de la facilité à s’en détacher ou à les ignorer, d’autres peuvent se sentir submergés par la peur de l’avenir, la tristesse ou la colère et ne pas savoir comment y faire face. Heureusement, les professionnels de la santé mentale se penchent d’ores et déjà sur la question et vous offrent plusieurs pistes pour limiter l’impact négatif des éco-émotions sur votre santé mentale.

Parmi elle :

  • Verbaliser ce que l’on ressent, en en parlant à ses amis ou à sa famille.
  • Réguler ses émotions par le sport, les exercices de respiration, l’utilisation d’une application de soutien psychologique comme Mon Sherpa ou encore la méditation.
  • S’engager dans des actions individuelles et collectives contre le réchauffement climatique (nettoyer sa boîte mail, collecter les déchets dans un parc, fabriquer ses produits ménagers écologiques, limiter l’avion…)
  • Se reconnecter à la nature à travers des activités comme des balades en forêt ou du jardinage, par exemple.

Faire part de ses ressentis à un professionnel de la santé mentale

Si ces pratiques ne sont pas suffisantes pour vous apaiser et que vos éco-émotions prennent trop de place dans votre quotidien, il peut être utile d’en parler à un psychiatre ou à un psychologue afin de recevoir des conseils adaptés. C’est notamment le cas si elles se manifestent par un stress paralysant ou des troubles anxieux, de l’alimentation, du sommeil…

Bien qu’elles semblent toucher certaines personnes plus que d’autres, les éco-émotions nous concernent tous. Nous devons donc nous souvenir que nous ne sommes pas seuls face à nos questionnements et nos ressentis. C’est ensemble que nous pourrons faire face, qu’il s’agisse de s’impliquer pour l’avenir de la planète ou d’envisager le futur aussi sereinement que possible.

Sondage IFOP pour Qare réalisé sur un échantillon de 2100 personnes représentatives de la population française, âgées de 15 ans et plus, du 27 au 29 juillet et du 10 au 12 août 2022. Echantillon constitué selon la méthode des quotas (sexe, âge, CSP, catégorie d’agglomération et région de résidence).