Sucres, Graisses & Perte de poids : Quelle alimentation adopter ?

Par Amélie Gonguet · Diététicienne · Mis à jour le 18 novembre 2020

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

C’est une question qui revient fréquemment et pour laquelle il est pourtant difficile de trouver des réponses claires. La chasse aux graisses a longtemps été prônée comme étant « LA » solution pour perdre du poids. Cependant depuis quelques années les partisans des régimes « low carbs » (pauvre en glucides) sont de plus en plus nombreux, et accusent non pas les graisses mais les sucres d’être responsables du surpoids et de l’obésité.

Mais alors qui croire ? Où en est la recherche dans ce domaine et est-ce que la science peut nous apporter des réponses fiables ?

L’Etude DIETIS publiée en Février 2018 nous éclaire sur le sujet 1.
Cet essai a analysé sur une année l’impact d’une alimentation pauvre en graisses ou pauvre en glucides sur la perte de poids, tout en tenant compte des variabilités génétiques individuelles .

Déroulement de l’étude

609 participants ont été assignés au hasard à suivre une alimentation saine, soit pauvre en graisses ( 20g de graisses par jour) soit pauvre en glucides ( 20g de glucides par jour) pour une période de 12 mois.

Tous les participants ont effectué des tests génétiques et de résistance à l’insuline et ont participé à 22 rendez-vous avec une diététicienne.

Aucun des deux groupes n’a pu maintenir des quantités très basses sur la durée et au bout du 3ème mois, le groupe « low fat » consommait en moyenne 42g de graisses par jour et le groupe « low carbs » environ 97g de glucides par jour.

Au delà des quantités, l’étude a fortement insisté sur la qualité de l’alimentation. Les participants ont régulièrement assisté à des consultations en nutrition ayant pour but de promouvoir une alimentation riche en produits bruts et non transformés. Ils étaient encouragés à cuisiner régulièrement, à inclure le plus de légumes possible et ceci tout en limitant pour les deux groupes : les sucres ajoutés

Les résultats

L’étude n’a trouvé AUCUNE différence significative dans la perte de poids entre les deux groupes. A 12 mois, le groupe « low fat » a perdu 5,3 kg et le groupe « low carbs » 6 kg.

Egalement au sein de chaque groupe, les différences entre génotype et sensibilité à l’insuline n’ont pas montré de variance significative sur la perte de poids.

Que conclure ?

Cette étude nous montre que, à qualité égale de l’alimentation et lorsque les apports caloriques et protéiques sont similaires, les quantités de glucides et de graisses n’ont que peu d’influence sur la perte de poids.

Il est important d’insister une nouvelle fois sur la QUALITE de l’alimentation :

Ces résultats auraient probablement été très différents si le groupe « low fat » avait principalement consommé des sodas et sucres raffinés ou si le groupe « low carbs » avait consommé en excès des graisses trans et saturées pendant 12 mois.

Egalement, à l’heure actuelle, les variabilités génétiques et insuliniques ne peuvent prédire le succès d’une perte de poids.

Que faut-il retenir ?

Comme dans de nombreuses études précédentes, les variabilités individuelles sont très importantes dans cet essai. Sur la figure ci-dessous vous pouvez voir que, les deux graphiques sont similaires pour les deux groupes mais que les variations de poids d’un individu à l’autre sont très importantes et varient de -32kg à + 11 kg (Chaque bâton correspond à un participant).

étude DIETIS février 2018

Source : Examine.co

L’étude n’explique pas ces différences individuelles, cependant, la remarque principale des participants ayant perdu le plus de poids (au sein des deux groupes) est qu’ils avaient réussi à changer leur rapport à l’alimentation, notamment grâce aux consultations régulières avec des diététiciens tout au long du projet.

En effet, les motifs sociaux, économiques, culturels, psychologiques et émotionnels sont très souvent présents chez des personnes en recherche de perte de poids. Ceux-ci peuvent jouer un rôle majeur dans le succès ou l’échec des changements alimentaires.

Le second point à prendre en compte est l’adhérence du régime assigné au long terme. Dans les deux groupes, la grande majorité des participants n’ont pas réussi à maintenir des quantités très basses en glucides ou en graisses. Il est donc important de tenir compte de la faisabilité des recommandations au quotidien et sur la durée. Des conseils trop contraignants ne seront pas suivi dans le temps et n’auront donc que peu de sens.

Alors que faire ?

L’alimentation parfaite n’existe pas !

Méfiez-vous des recommandations trop générales et trop prometteuses, vous garantissant d’avoir « LA » solution miracle pour perdre du poids. Restriction rime souvent avec abandon ! Soyez vigilant et gardez un esprit critique lorsque vous surfer sur le net ou dans les magasines à la recherche de conseils. Comme nous venons de le voir, différentes approchent peuvent mener à des résultats similaires et il n’y a donc pas de recommandation unique ou universelle qui fonctionne pour tout le monde. Le meilleur modèle alimentaire pour vous est celui que vous pourrez maintenir dans le temps !

Si vous souhaitez perdre du poids sainement et sur le long terme, la meilleure solution est de consulter un professionnel de santé compétent. Ce dernier sera vous guider dans le choix d’une alimentation correspondant à vos goûts, à vos objectifs, à votre situation sociale et familiale afin d’obtenir des résultats durables.

Références :

1 : https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2673150