Dry January : pourquoi est-ce une fausse bonne idée ?

Par Inès Montenon · Rédactrice - santé et psychologie · Mis à jour le 26 décembre 2022

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Alors que les ruelles et les vitrines reprennent peu à peu leur allure habituelle, la rentrée s’annonce. Finie la féerie de Noël, la réalité reprend ses droits. Le ton est donné, place au pragmatisme et aux objectifs de nouvelle année. Parmi les plus connus, on retrouve le Dry January. Un défi consistant à s’abstenir de boire de l’alcool pendant un mois. Encensé par l’opinion publique, le Dry January est- il vraiment une bonne idée ? Chez Qare, on vous éclaire sur ces zones grises.

Créé en 2013 en Grande-Bretagne, le challenge du Dry January s’est vite imposé dans de nombreux pays. Lancé en France en 2020 sous le nom de « Défi de janvier », le concept a rapidement séduit la population. En 2021, 10% des Français relèvent le challenge. Une tendance en hausse puisqu’en 2022, 24% des Français déclarent y participer.

Face à un tel engouement, plusieurs chercheurs ont souhaité vérifier l’impact d’un tel défi. De nombreuses études ont vu le jour. La plus connue étant celle de l’université de Sussex, menée en 2018 sur 800 participants. Les résultats mettent en avant une meilleure qualité de sommeil, une perte de poids, un regain d’énergie, une meilleure concentration et une peau plus nette.

Pourtant, le corps scientifique n’est pas unanime sur les bénéfices du Dry January. Certains constatent même des effets négatifs liés au fait de stopper net sa consommation d’alcool durant un mois. Regardons de plus près ces zones grises.

Un effet yoyo potentiel

Une étude publiée en 2021 dans The Lancet a mis en lumière une conséquence négative du Dry January sur certains participants ayant une consommation d’alcool sociale. Alors qu’ils effectuaient leur mois d’abstinence avec succès, les chercheurs ont constaté un sentiment de liberté excessif concernant l’alcool suite à l’abstinence de janvier. Cela impliquait des épisodes de « binge drinking » avant et après le Dry January.

On peut comparer ce comportement à l’effet yoyo des régimes pour maigrir. Pour certains, la frustration de devoir se priver peut être inconsciemment compensée par une envie de consommer plus qu’à l’accoutumée avant et après le Dry January.

Une pression supplémentaire

Janvier n’est pas un mois des plus faciles à traverser. Nous faisons face au blues de l’après-fêtes, ainsi qu’au célèbre Blue Monday, le jour le plus déprimant de l’année. A cela s’ajoute la tradition tenace des bonnes résolutions.

Dans ce contexte, s’ajouter un challenge fondé sur un changement d’habitudes peut être difficile à vivre moralement pour certains.

De plus, un tel défi nourrit l’idée que l’abstinence n’est qu’une question de volonté. Ce qui est faux et délétère pour les personnes souffrant d’une forte dépendance à l’alcool.

A noter : Le Dry January a été créé pour contrebalancer le Blue Monday, l’alcool étant dépressogène. L’idée est bonne, mais la mise en forme comportant une abstinence brutale sans accompagnement est discutable.

Un possible isolement social

Bien entendu, pour voir ses amis il n’est pas nécessaire de consommer d’alcool. Néanmoins, à l’image d’un fumeur qui souhaite arrêter de fumer, une personne souhaitant arrêter sa consommation d’alcool peut être tentée d’éviter les environnements à risque.

En d’autres termes, certains peuvent décider d’annuler leurs sorties du mois afin de réussir leur Dry January. Cela peut donc déboucher sur un isolement social à un moment de l’année déjà difficile.

Le risque de sevrage seul

Quant aux personnes ayant une dépendance forte à l’alcool mais qui n’en ont pas conscience, le fait de de se lancer dans un Dry January n’est pas sans risque.

En effet, le sevrage d’une personne souffrant d’alcoolisme sévère repose trois piliers avant d’atteindre, selon les cas, une sobriété complète et durable :

  • Sevrage progressif
  • Accompagnement psychologique
  • Traitement médicamenteux type benzodiazépine

Pour ces personnes, l’absence d’accompagnement dans leur décision de sevrage est voué à l’échec et peut être très dangereux pour la santé.

Faire un Dry January se prépare

Il est important de garder en tête que le Dry January n’est pas un défi lambda. Certaines personnes s’y lancent sans avoir conscience de leur degré de dépendance.

SI vous échouez à tenir le mois entier d’abstinence, ne culpabilisez pas. Vous avez réussi le vrai défi : celui de prendre conscience de votre relation à l’alcool.

Si vous pensez avoir une forte dépendance à l’alcool et souhaitez participer au Dry January, pensez à vous entourer d’un soutien médical. Un psychologue et un médecin seront de précieux alliés pour vous accompagner dans votre démarche. Celle-ci se fera dans une logique d’étapes réalisables.

Rappel des bons gestes pour une consommation raisonnée

Pour ceux qui ne souhaitent pas participer au Dry January, voici un petit rappel des bonnes pratiques pour une consommation sans risque :

  • Consommez avec modération
  • Ne buvez pas le ventre vide
  • Ne mélangez pas les alcools
  • Buvez un verre d’eau pour chaque verre d’alcool consommé (l’alcool déshydrate)
  • Faites des pauses dans votre consommation

Pour clore le sujet, en observant les éclats de rire des enfants dans les goûters d’anniversaire, nous avons la réponse à cette grande question : l’alcool est-il indispensable à la fête ?