4 dangers de la fin du droit à l’avortement

Par Inès Montenon · Rédactrice web - santé et psychologie · Mis à jour le 1 février 2024

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Le 28 septembre dernier marquait la Journée mondiale du droit à l’avortement. Une occasion de se rappeler que si l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est autorisée en France depuis la loi Veil du 17 janvier 1975, ce n’est pas le cas partout dans le monde. Quelques mois après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade par la Cour suprême des Etats-Unis (elle garantissait le droit à l’IVG sur le territoire depuis 1973), nous vous donnons 4 dangers de la fin du droit à l’avortement pour notre santé.

Un impact négatif sur la santé mentale

L’impact négatif d’une grossesse non désirée sur la santé mentale a été observé au cours de l’étude Turnaway, menée pendant plus de 10 ans par des chercheurs universitaires américains et publiée en 2020. Ainsi, les femmes à qui on refuse une IVG rapportent une baisse de l’estime de soi et des niveaux de stress et d’anxiété plus importants que celles qui peuvent en bénéficier.

Si ce ressenti est temporaire et diffère selon les femmes, il peut être accentué sur le long-terme par des possibles conséquences socio-économiques :

  • Des difficultés financières (pouvant augmenter le risque de pauvreté) ;
  • Élever son enfant seule, à défaut d’avoir un partenaire qui souhaite ou peut s’impliquer dans son éducation ;
  • Rester dans une relation de couple abusive.

Vous l’avez compris, quand une femme ne souhaite pas mener sa grossesse à terme mais qu’on lui refuse le droit d’avorter, cela met à risque sa santé mentale et celle de son futur enfant.

L’augmentation des avortements clandestins

Quand le droit à l’IVG est restreint, ce sont les avortements clandestins (c’est-à-dire toute IVG réalisée en dehors du cadre légal du pays de résidence de la femme) qui augmentent. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ces derniers sont responsables chaque année de 4,7 à 13,2% des morts maternelles, particulièrement dans les pays en développement.

Bien que peu répandus en France du fait d’un cadre légal qui permet d’interrompre sa grossesse jusqu’à 14 semaines, les avortements clandestins n’ont pas disparus et pourraient se multiplier si ce droit était remis en question. Souvent réalisés de manière non sécurisée, ils peuvent avoir des conséquences graves (avortement incomplet, hémorragies, infections, perforation de l’utérus…).

La diminution de l’accès au soin pour les classes sociales les plus pauvres

L’impact de l’interdiction du droit à l’avortement n’est pas le même en fonction de la catégorie sociale à laquelle on appartient. S’il est en effet possible de voyager pour faire une IVG à l’étranger lorsqu’elle est interdite dans son pays, cette option est plus difficile d’accès pour les personnes en situation de précarité sociale (faibles revenus, sans emploi, en insécurité alimentaire…)

Ainsi, limiter l’IVG ne remet pas seulement en cause le droit des femmes à disposer de leur corps mais contribue aussi plus largement à l’augmentation des inégalités au sein des populations. Avorter devient ainsi un choix réservé à celles qui peuvent financièrement se le permettre.

Une remise en question de l’Interruption médicalisée de grossesse (IMG)

Difficile d’évoquer le droit à l’IVG sans parler de l’Interruption médicalisée de grossesse (IMG), qu’on appelle aussi avortement thérapeutique. Elle peut être réalisée dans 2 situations :

  • La poursuite de la grossesse nuit gravement à la santé de la femme.
  • La forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection grave et incurable.

Aux Etats-Unis, à la suite de l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade par la Cour suprême, le droit à l’IMG y est également remis en question. Plus proche de nous, en Pologne (l’un des pays d’Europe où le droit à l’avortement est le plus restrictif), il est désormais interdit de réaliser une interruption de grossesse en cas de malformation du fœtus depuis le 27 janvier 2021

Au-delà des questions sur le bien-fondé de telles limitations, on peut aussi y voir une véritable entrave à la santé publique, avec des conséquences négatives pour les femmes et la société au sens large.