Covid-19 : 6 questions clés sur l’arrivée des vaccins

Par Zoé F. · Rédactrice web santé · Mis à jour le 17 décembre 2020

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Des vaccins contre le coronavirus pourraient commencer à être distribués en France dès la fin de l’année. L’arrivée de ce vaccin suscite à la fois beaucoup d’engouement et de défiance. Dr Alexandre Maisonneuve, co-fondateur et directeur de la santé chez Qare, vous aide à y voir plus clair et fait le point sur ce qu’on sait déjà sur le vaccin de la Covid-19.

Qare. – C’est quoi un vaccin ?

Dr Alexandre MAISONNEUVE. – Pour commencer, il faut se rappeler comment fonctionne notre organisme lorsqu’il rencontre un virus. Lorsqu’il entre en contact avec un virus, le corps fabrique des anticorps qui vont combattre l’infection et garder en mémoire un pool d’anticorps. Lorsqu’il rencontrera à nouveau le virus, notre système immunitaire sera déjà préparé et va donc combattre le virus de façon plus rapide et plus forte.

Le principe de la vaccination est d’inoculer une version atténuée ou désactivée de ces virus. Cela déclenche le processus de fabrication des anticorps, sans nous rendre malade. Si vous êtes vacciné contre un virus, votre organisme sera déjà prêt à l’affronter.

Qu’est-ce qu’il y aura de nouveau dans ce vaccin ?

Ce qu’il y aura de nouveau, c’est avant tout le nombre de vaccins différents qui vont être distribués. On a rarement eu autant de vaccins pour une seule maladie. Certains seront plus efficaces que d’autres mais n’auront pas les mêmes effets secondaires ou les mêmes avantages, comme la rapidité de fabrication ou la facilité de conservation.

Ce qu’il faut savoir, c’est que les laboratoires n’utilisent pas tous la même méthode de conception. Certains fonctionneront avec le procédé classique, c’est-à-dire par injection d’une version inoffensive du virus SARS-Cov-2.

D’autres vaccins contiendront une protéine naturellement présente dans le SARS-Cov-2, mais qui n’est pas infectieuse. Lorsque le vaccin sera inoculé, l’organisme fabriquera des anticorps et pourra se défendre lorsque le virus sera là.

Pour finir, il y a la méthode ARN messager qui a donné de très bons taux d’efficacité, de plus de 90 %. Cette approche est nouvelle et n’a encore jamais été utilisée, mais elle ne date pas d’hier. Sa découverte remonte aux années 60.

Les vaccins ARN contiennent des fragments du code génétique du virus. Après injection, nos cellules produiront elles-mêmes la protéine “Spike”, qui se trouve à la surface du virus. Elle est inoffensive mais permet d’être reconnue par notre système immunitaire qui va déclencher la fabrication d’anticorps. Cette méthode permet d’accélérer la production du vaccin car elle évite de devoir cultiver des agents pathogènes en laboratoire.

Quand est-ce que le vaccin sera disponible ?

Plusieurs vaccins ont déjà terminé leurs essais cliniques. On devrait voir des vaccins arriver dès la fin décembre, comme l’a expliqué le Président Emmanuel Macron lors de son allocution du 24 novembre. La Commission européenne a déjà réservé des doses de vaccins à plusieurs laboratoires. Évidemment, il faut qu’ils obtiennent la validation des autorités sanitaires de chaque pays.

Sera-t-il obligatoire ?

Non, il est clair que la vaccination contre le Covid-19 ne sera pas rendue obligatoire. Une stratégie de vaccination va être mise en place, et il faudra sûrement faire preuve de beaucoup de pédagogie du côté des praticiens pour lever les réticences côté patients, qui sont légitimes, face au vaccin.

En revanche, il faut noter que la France va adopter une stratégie de priorisation pour la vaccination afin de protéger d’abord les plus fragiles. La HAS (Haute Autorité de Santé) a récemment donné ces recommandations pour un plan de vaccination qui se déroulera en cinq étapes.

Les résidents des EHPAD seront vaccinés en priorité car ils ont été très largement touchés par l’épidémie. Ensuite, viendront les personnes à risques, en phase 2 et 3, cela comprend notamment les personnes âgées, en commençant par celles de plus 75 ans, puis celles entre 65 et 74 ans. Ces étapes concerneront également les professionnels de santé et du médico-social, qui sont en contact direct avec les malades, ainsi que le personnel du transport sanitaire, en priorisant d’abord les plus de 50 ans et ceux à risque de présenter une forme grave. La vaccination s’étendra ensuite aux plus de 50 ans et aux moins de 50 ans avec une comorbidité.

Le reste de la population pourra commencer à se faire vacciner en phase 4 et 5 en priorisant les personnes les plus susceptibles d’être exposées, comme les personnes en contact régulier avec le public, et les personnes vulnérables ou précaires.

Qui valide le vaccin ?

Il y a d’abord une recommandation européenne par le Comité européen pour l’évaluation des médicaments à usage humain (CHMP) puis validation d’autorisation de mise sur le marché par la Commission européenne.

Ensuite, en France, les vaccins devront être validés par les autorités sanitaires compétentes. Chaque pays a les siennes. En France, c’est la HAS et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui donnent l’autorisation de mise sur le marché des vaccins.

Sera-t-on totalement protégé face au virus ?

Cela dépendra sûrement des vaccins. L’immunité n’est pas forcément de 100 %. Certains vaccins ne nous protégeront peut-être que des formes graves de la maladie, comme c’est le cas pour le vaccin contre la grippe.

Sources complémentaires :